La Plaine-Saint-Denis : Éditions des maisons des sciences de l’homme associées, 2018 (généré le 15 décembre 2020). C’est sur cette base qu’est posé comme postulat de départ – car il s’agit bien à notre sens d’un postulat – que les managers ne doivent être considérés comme rien d’autre que les agents des actionnaires, leur relation étant analysée comme un cas particulier de relation d’agence. Nous montrons que dans cette approche la spécificité de la firme n’est pas encore prise en compte de façon satisfaisante (2). (1951), « A formal theory of employment relationship », Econometrica, 19: 293-305. Explaining Vertical Integration: Lessons from the American Automobile Industry, Pragmatic Collaborations: Advancing Knowledge while Controlling Opportunism, The Firm Is Dead; Long Live the Firm: A Review of Oliver E. Williamson's, Asymétries d'informations et rôle de la confiance, Confiance matière première et produit de l'alliance. En effet, en plus d’un endroit, les évolutionnistes affirment que la firme est bien le lieu de conflits d’intérêts entre agents et que la dimension économique et « sociale » de ces intérêts peut être cruciale. Un « bon manager » est celui qui sait minimiser cette dépense, ce « slack ». 57C’est sans doute à Chandler qu’il revient, dans son maître ouvrage, d’avoir le premier donné tout son éclat à cette thèse. 11L’incomplétude des contrats peut entraîner la nécessité de renégociations, elle laisse une marge de manœuvre aux parties ; elle va ainsi permettre les comportements dits opportunistes, la manipulation de l’information par les agents. Belknap Press, Cambridge MA. You may have already requested this item. Abstract: [fre] Cet article se propose d'analyser les fondements normatifs de la gouvernance d'entreprise, à partir des théories de la firme. 55Il résulte de ces considérations que les décisions qui émanent des dirigeants sont toujours et nécessairement « sous-optimales », les ajustements se font hors de l’équilibre, loin des critères de maximisation. II) La principale théorie La théorie des coûts de transaction : A l'origine de l'économie des coûts de transactions, on trouve un article célèbre de 1937 sur la " nature de la firme". Nelson R. & S. Winter S. (1982), An evolutionary theory of economic change, Cambridge, Harvard University Press. Grâce à ce concept, la théorie des coûts de transaction est en mesure de rendre compte de l'existence de la firme dans une économie de marché. (1978), « Vertical Integration, Appropriable Rents, and the Competitive Contracting Process », Journal of Law and Economics, 21(2): 297-326. Dosi G. (1995), « Hierarchies, Markets and Power: Some Foundational Issues on the Nature of Contemporary Economic Organzations », Industrial and Corporate Change, volume 4, n° 1. (1986), « The Costs and Benefits of Ownership: A Theory of Vertical and Lateral Integration », Journal of Political Economy, 94(2): 691-719. Ce qui permet à Hart (1995, p. 29) d’écrire : « la propriété est source de pouvoir, quand les contrats sont incomplets ». 41Nettement distincte, voire opposée sur des points essentiels aux visions contractuelles de la firme que nous venons de présenter, une approche de la firme mettant au centre la question des compétences qui lui sont spécifiques s’est progressivement affirmée, pour aujourd’hui se présenter comme une véritable alternative à l’approche contractuelle. Coriat B. et Dosi G. (1998), « Learning how to Govern and Learning how to Solve Problems: On the Co-Evolution of Competencies, Conflicts and Organizational Routines », in A.-D.Chandler Jr., P. Hagström et Ö. Sölvell, (eds. Stout (1999), « A Team Production Theory of Corporate Law », Virginia Law Review, 85(2): 247-328. 22(ii) La question des frontières de la firme est sans objet : 23« cela a peu ou aucun sens de tenter de distinguer les choses qui sont “à l’intérieur” de la firme des choses qui sont “à l’extérieur” »15. C’est à travers elles que les firmes font face à leur environnement, produisent les réponses adaptées32. 75Une première série d’interrogations, décisives s’il en est, a trait aux protocoles qui sous-tendent le processus même de prise de décision. Elle approfondit l’analyse des coûts de transaction, et des formes contractuelles, pour tenter de répondre aux deux questions majeures que pose Coase : (i) pourquoi certaines activités sont réunies dans la firme, plutôt que d’être coordonnées par le marché ; qu’est-ce qui explique le choix, et les limites de l’internalisation ? Ellerman D.-P. (1992), Property & Contract in Economics, Cambridge (Mass. In general, W will accept authority only if x0, the x chosen by B, is restricted to some given subset (W’s “area of acceptance”) of the possible values » (Simon, 1951: 294). La capacité à concevoir et offrir des produits demandés et désirés par le marché, non facilement reproductibles par les concurrents, lui permettant de ce fait même de prélever des rentes de surprofit, est au coeur de la théorie du management. The second – starting from Cyert, March and Simon – passing by the contributions of Edith Penrose, Chandler and evolutionary theorists, analyses the theories of the firm conceived as a processor of information and knowledge and finally as a “nexus of competencies”. À côté des ressources tangibles : la qualité des équipements, la gamme des produits offerts…, les ressources intangibles que constituent les compétences des salariés, celles des dirigeants en particulier, les ressources organisationnelles (le mode de traitement des informations) sont privilégiées. New York: The Free Press, 1985, chapters 7 and 8. De quels dispositifs internes de traitement des informations dispose-t-elle pour fournir les réponses aux questions qui lui sont posées ? Barzel Y. Comme nous le montrerons en détail par la suite, la vision behaviouriste de la firme s’est constituée en rejetant l’hypothèse de rationalité substantielle et celle qui lui est attachée de maximisation des comportements. Ce processus de direction et de contrôle constitue un coût pour l’organisation. Hart O. et Moore J. RésuméDans cet article nous défendons l’idée selon laquelle la théorie économique de la firme peut être avantageusement enrichie par certains développements issus de la théorie des organisations. C’est ainsi que serait fondée la société par action publique, dans laquelle les actionnaires, qui se partagent la propriété du capital, délèguent aux managers le droit d’en contrôler l’usage. (1999), « The Firm as a Subeconomy », Journal of Law, Economics and Organization, 15(1): 74-101. Ce qui conduit notamment à nier toute spécificité à la relation d’emploi : le contrat de travail est censé être similaire à un contrat commercial. 4Le présent article entend rendre compte des conditions dans lesquelles les deux voies de théorisation de la firme que nous venons de brièvement caractériser se sont constituées et fortifiées. En mettant en avant le rôle des routines définies comme les « savoir-faire (skills) des organisations » et conçues comme « dispositifs de résolution de problèmes » (problem solving devices), en insistant sur le rôle décisif des apprentissages organisationnels, le basculement s’opère : de « nœud de contrats » la firme devient « noeud de compétences ». Les questions clés concernent alors 1) les problèmes de construction (de « design ») des contrats, 2) les conditions qui assurent la mise en œuvre effective des engagements contractuels (l’« enforcement » des contrats, dans la terminologie anglo-saxonne), et 3) l’identification des coûts qui en résultent (« coûts de transaction » ou « coûts d’agence »). Son importance et son influence viennent par ailleurs du rôle clé qu’elle occupe comme fondement et justification du modèle de gouvernance d’entreprise devenue dominant depuis maintenant plus de vingt-cinq ans, le modèle anglo-saxon, ou modèle de la valeur actionnariale (le modèle « Shareholder »). Cet article propose une lecture critique des développements de la théorie de la firme, depuis la redécouverte, durant les années 1970, de l’article de Coase de 1937 sur la « nature de la firme ». Coriat B. et Weinstein O. The strength but also the limits of both approaches are highlighted. B. La théorie des coûts de transaction (TCT) s'inscrit dans le cadre de l'économie des organisations. L’ensemble des organisations, comme des institutions – voire l’ensemble de la structure de la société – est conçu comme le résultat d’accords entre individus. Il s’agit pour nous – sans prétendre à l’exhaustivité – d’insister sur la cohérence de chacune des démarches, mais aussi sur les difficultés que chacune d’elle a rencontrées dans le cours de l’élaboration des théories de la firme auxquelles elles prétendaient parvenir1. (1997), Economic Analysis of Property Rights. Browse. LA THEORIE DES COUTS DE TRANSACTION L’aptitude des différents modes de coordination à économiser les couts de transaction. Cette position lui apparaît comme inacceptable car contraire non seulement à toutes les observations empiriques, mais aussi parce qu’elle manque l’essentiel de ce qu’est une firme : une structure – toujours singulière – de prise de décisions, à même d’expliquer l’existence de trajectoires et de performances différentes d’une firme à l’autre, y compris bien sûr lorsqu’elles opèrent dans le même secteur d’activité. 48Disons d’emblée que même si elle est dotée d’une forte identité, l’ABC constituée comme nous venons de le rappeler d’apports provenant de sources différentes, n’est pas exempte de tensions, voire de contradictions – entre les différents développements qu’elle héberge et qui la constituent. Pour le dire de manière plus technique, quel type de « processeur d’informations » la firme est-elle ? Et si celles-ci sont entendues comme des « dispositifs cognitifs », l’insistance est mise sur le fait qu’elles reposent sur de l’automaticité. The Managerial Revolution in American Business. Celle-ci justifie une division du travail, dans la gestion, qui donne le pouvoir de décision à ceux qui détiennent les connaissances spécifiques nécessaires. Si chaque routine particulière constitue un savoir-faire particulier, une manière d’associer et de combiner des compétences fragmentaires incorporées dans des individus pour réaliser une tâche, prises ensembles les routines forment la « mémoire organisationnelle » des entreprises. Un « bon » système de droits de propriété est celui qui permet d’une part de profiter des avantages de la spécialisation, et du fait que les différents agents ne détiennent pas les mêmes informations, et qui assure d’autre part un système efficace d’incitation. 25 février 2013. 80Cette affirmation mérite quelques mots d’explication. Marengo L. et Dosi G. (2005), « Division of labor, organizational coordination and market mechanisms in collective problem-solving », Journal of Economic Behavior & Organization, 58: 303-326. Oliver Eaton Williamson, né le 27 septembre 1932 à Superior et mort le 21 mai 2020 à Berkeley [1], est un économiste américain connu pour son travail réalisé sur la théorie des coûts de transaction.. Il reçoit avec Elinor Ostrom le prix dit Nobel d'économie le 12 octobre 2009 « pour leurs travaux sur la gouvernance économique » [2 Pour Coase, la firme est un mode de … Penrose est explicite sur ce point quand elle fait observer que « The services yielded by resources are a function of the way in which they are used… » (idem). Linked Data. 12, n° 1, April, (149-184). Simon H.-A. ): Blackwell Publishers. à la gouvernance d'entreprise), la logique transactionnelle consiste à identifier, pour chaque partie prenante à la firme (travailleurs, financiers, etc. Ce point de vue devrait être supporté par une analyse rigoureuse des conditions de fonctionnement des différents marchés des « facteurs de production », des conditions de partage du surplus créé par l’activité d’entreprise, et des modes de rémunération des différentes parties. Cette théorie montre que la firme crée des mécanismes génératifs intrinsèques basés sur le pouvoir qui font sa durabilité. Qui plus est, et ce point est essentiel, il n’y a pas à se demander qui est propriétaire d’une firme, comme l’exprime clairement Fama : 20« La propriété du capital ne doit pas être confondue avec la propriété de la firme. Mais avec les évolutions de l'environnement institutionnel, les relations de pouvoir se sont modifiées, que ce soit dans l'entité firme (gouvernement interne) ou dans l'entité firme-réseau (gouvernement externe). Grâce à ce concept, la théorie des coûts de transaction est en mesure de rendre compte de l'existence de la firme dans une économie de marché. ), Contract Economics, Oxford: Blackwell; reprints in M.-C. Jensen (1998). Il est permis de se demander si la vision Hayekienne n’implique pas de reconsidérer totalement les principes de choix rationnel qui restent à la base des modèles d’agence, comme de la plus grande partie des analyses contractuelles et des modèles d’incitation. Williamson insiste sur ce point : « process matters » (Williamson, 1991 : 98). En approfondissant l’analyse des propriétés des structures contractuelles de la firme, ce courant de pensée se propose de démontrer l’efficience des formes organisationnelles caractéristiques du capitalisme contemporain, et en particulier de la société par action. Par ailleurs, elle vise à expliquer simultanément les bénéfices et les coûts de l’intégration, là où la théorie des coûts de transaction recourt à deux types d’explications différentes, en faisant intervenir les problèmes de bureaucratie, et surtout la question de l’incitation et l’impossibilité d’une « intervention sélective », pour expliquer les limites de l’intégration (Williamson, 1985, chap. 47C’est sur ce terrain –celui de l’exploration des ressources dont la firme est le lieu – que va s’engouffrer l’approche évolutionniste, qui constitue la troisième source d’enrichissement de l’ABC. La réponse de Coase est que la coordination par les prix entraîne des coûts, ignorés dans les analyses standards du marché, ce que l’on appellera par la suite des coûts de transaction. 3 « In its most abstract form, the positive theory of the firm is simply an extension of standard rational-choice principles » (p. 428). New York: The Free Press, 1985, chapters 7 … By J. Ibert Topics: [SHS.GESTION]Humanities and Social Sciences/Business administration Related Subjects: (5) Corporations -- Finance. Abstract: Ce papier s’est fixé pour objectif d’effectuer les tests empiriques de la fonction de demande de travail issue de la théorie générale de la firme. Ce ne sont pas les contrats qui sont au centre de l’interrogation mais la nature des relations qui se nouent entre les individus et groupes qui composent la firme. Le théorème de Coase. (1995), Firms, Contracts, and Financial Structure, New York: Oxford University Press. 33En ce qui concerne l’explication des avantages de l’intégration dans la firme sur le marché, cette théorie ne donne pas, à notre sens, une réponse fondamentalement différente de la théorie des coûts de transaction. Il est utile ici, pour mieux apprécier la vision de la firme implicitement présente, de voir ses liens avec la représentation de la relation d’emploi proposée par l’article séminal de Simon (1951)6. 44Avec le recul du temps on peut considérer que l’ABC s’est construite à partir de trois sources. Foss N.-J. L’avantage de l’intégration est d’accroître la capacité d’adaptation de l’organisation à son environnement, et donc de favoriser, en quelque sorte, une efficience dynamique. Chaque partie peut craindre que l’autre s’approprie le bénéfice de la transaction, qu’il y ait « hold-up ». 2Comme nous allons le montrer ces propositions sont bien à l’origine d’un renouvellement profond des théorisations sur la firme. 38Encore faut-il noter que ce contrôle (ou l’autorité) sur les salariés a, dans ces analyses, un contenu très limité : il se ramène au pouvoir d’exclure de l’usage de l’actif, autrement dit, au pouvoir de licencier. La deuxième branche de la théorie contractuelle de la firme, développée par Oliver Williamson , se situe, elle, directement dans le prolongement de Coase. Les actionnaires sont en effet propriétaires du capital21, c’est-à-dire d’un des facteurs de production, mais ne peuvent en aucun cas être considérés comme les propriétaires de la firme. Théorie de la firme - Théorie des jeux. Dans cette perspective, la remobilisation des « grands anciens », à commencer par Berle et Means et les auteurs du vieil institutionnalisme, Commons ou Veblen en particulier, apparaît comme un passage obligé. Williamson, The Economic Institutions of Capitalism. L’analyse peut sembler inutilement complexe, mais c’est en fait le prix à payer pour pouvoir supposer des contrats incomplets, tout en conservant une hypothèse de rationalité parfaite. (2007), « The current state of the economic theory of the firm: contractual, competence-based and beyond », in Biondi, Canziani et Kirat (2007). Hayek F.-A. 16 À la suite de Gibbons, on peut estimer que la théorie des coûts de transaction propose en fait deux explications de la supériorité (dans certains cas) de la firme sur le marché. La raison en est sans doute que la prise en compte de cette double dimension des routines, aurait impliqué une reconsidération profonde de la théorisation des routines et de leurs modes d’action, et finalement de la théorie de la firme elle-même. That video has been produced with Explee: http://explee.com. The Toronto-based architecture and design studio led by Betsy Williamson and Shane Williamson, former partners of Williamson Chong Architects. Jusqu’où cette acception des routines reste-elle compatible avec la notion de « standard operating procedures » qui définit la routine chez les behaviouristes ? Lopportunisme peut sexercer ex-ante en cachant des informations ou des intentions ou ex-post en saisissant les éléments non-écrits du contrat ou de la situation interne à lentreprise pour tirer avantage dévénements imprévus. Elles constituent, diront les évolutionnistes, « la compétence foncière » des firmes. ARENA, Lise. Localisation optimale et théorie des graphes; contribution à la théorie de la localisation optimale de la firme dans une structure de concurrence.. [Alain Schärlig] Celles-ci donnant lieu à des « side-payments » qui ne sont pas tous nécessairement de nature monétaire : les « rémunérations » peuvent prendre la forme de gratifications diverses : promesses d’avancements, attribution de moyens en personnels et en équipements, avantages en nature divers… En contrepartie les subordonnés s’engagent à satisfaire des « sub-goals » qui constituent autant de points d’appui dans les processus de contrôle que mettent en place les dirigeants. Trois approches contractuelles différentes sont présentées dans cette première partie : la théorie des coûts de transaction, la théorie des incitations (ou théorie de l'agence) et la théorie des contrats incomplets. Title: La théorie de Hodge des bimodules de Soergel (d'après Soergel et Elias-Williamson) Authors: Simon Riche (Submitted on 7 Nov 2017) Abstract: Soergel bimodules are certain bimodules over polynomial algebras, associated with Coxeter groups, and introduced by Soergel in the 1990's while studying the category O of complex semisimple Lie algebras. Dès lors qu’y « diffèrent » à la fois les « préférences », les « informations » et les « connaissances » dont sont dépositaires les agents, « le conflit » est l’état normal de la firme. La grande im portance donnée, Université. 84Au-delà, l’élaboration d’une théorie « complète » de la firme suppose de prendre en compte ses différents attributs, soit, en suivant Chandler (1992) de la considérer à la fois comme entité légale – c’est bien l’entreprise qui détient des actifs et passe des contrats – comme entité administrative (ou managériale), « for teams of managers must coordinate and monitor its different activities », comme système de production : « a pool of physical facilities, of learned skills and liquid capital », et enfin come opérateur central du capitalisme ; sur ce dernier point, Chandler rappelle en effet avec insistance et nous semble-t-il fort opportunément que la firme est « … the primary instrument in capitalist economies for the production and distribution of current goods and services and for the planning and allocation for future production and distribution ». Coase R. (1937), « The nature of the firm », Economica, novembre. 18Pour Jensen et Meckling, les organisations, et notamment la firme, ne sont rien d’autre que des « fictions légales qui servent comme nœud (nexus) pour un ensemble de relations contractuelles entre des individus »11. Une fois acquis, les savoir-faire et compétences dont elles sont l’expression revêtent un caractère « tacite ». Aléa moral, surveillance et coûts de surveillance. Chandler A.-D., Hagström P. and Sölwell Ö. Les micro-régularités que constituent les routines qui sont à la fois « tacites » et des « réservoirs de connaissances » ne paraissent pas pouvoir être déduites de la seule rationalité limitée comme le sont les « standard operating procedures » des behaviouristes34. Le problème est alors de prendre en considération l’ensemble des dispositifs d’incitation et de contrôle qui seront nécessaires pour amener les managers (l’agent) à se comporter conformément aux intérêts des actionnaires (le principal), pour « aligner » les intérêts des deux parties. Les coûts de transaction ; La prise en compte des coûts de transaction : la définition des coûts de transaction est formulée par l'économiste institutionnaliste Commons (1934) pour qui les transactions sont à la base des relations économiques. Chandler A.-D. Jr. (1992), « Organizational Capabilities and the the Economic History of the Industrial Enterprise », Journal of Economic Perspectives, volume 6, n° 3, pp. Cela a été fait en développant une théorisation qui s’appuie sur deux corps d’analyse complémentaires, les droits de propriété et la théorie de l’agence. 15 « It makes little or no sense to try to distinguish those things that are “inside” the firm from those things that are “outside” of it » (Jensen et Meckling, 1976). Elle n’est ni accidentelle, ni temporaire, mais constitutive de leur être même. Richard R. Nelson et Sidney G. Winter : La théorie évolutionniste de la firme. Leurs contributions peuvent en effet être lues comme assurant un basculement qui peut être résumé dans les deux propositions solidaires et complémentaires suivantes : 65— la firme ne doit pas être pensée seulement comme un lieu de gestion des informations, elle doit être vue comme un outil de coordination et de traitement de connaissances : les firmes sont des réservoirs de compétences (loci of competences) ; 66— cette propriété des firmes tient elle-même au fait que ce qui la structure et la singularise consiste en un ensemble de routines, qui constituent autant de procédures de résolution de problèmes ; chaque firme se distinguant des autres par l’ampleur et la nature du réservoir de compétences qu’elle abrite. Benjamin Coriat et Olivier Weinstein, « Les théories de la firme entre « contrats » et « compétences » », Revue d'économie industrielle, 129-130 | 2010, 57-86. Chandler A.-D. Jr. (1977), The Visible Hand. Ce qui est cohérent avec le fait qu’il n’y a pas à considérer que les salariés font partie de la firme. L’application de la théorie de l’agence à l’analyse de la firme est marquée par l’article fondateur de Michael Jensen et William Meckling10. Ailleurs ils sont plus explicites encore écrivant”. La théorie des coûts de transaction d’Olivier WILLIAMSON • Au cœur de cette théorie se trouve la notion de transaction (transfert d’un bien ou d’un service entre deux entités technologiquement séparables). 34Cela étant, la recherche d’une formulation rigoureuse amène cependant la théorie des contrats incomplets et des droits de propriété à des précisions essentielles concernant l’identité de la firme, et la question du contrôle et des rapports entre propriété et contrôle (et entre propriété et incitation). Une des raisons pour lesquelles cet aspect est ignoré est que la question de l’organisation de la production proprement dite, et de la coordination entre les travailleurs, n’est pas étudiée (ce que reconnaissent Hart et Moore, 1990 : 1152). La théorie des coûts de transaction s'inscrit dans le cadre de la théorie des organisations.Elle s'attache à expliquer l'existence d'organisations économiques fondées sur la hiérarchie par l'existence de coûts de transaction. Il consiste en une dépense interne qui relève d’un « budget discrétionnaire » (managerial slack) dont dispose le dirigeant et dont il use pour assurer la cohésion de l’organisation et lui permettre d’atteindre ses objectifs. Williamson O.-E. (1979), « Transaction cost economics: the governance of contractual relations », Journal of Law and Economics, 22: 233-261. 1) Conséquences de la … Dans la conclusion de ces contrats, Williamson (1985) distingue les coûts ex ante, qui correspondent aux coûts de recherche et de conclusion du contrat, et des coûts ex post, qui sont relatifs aux coûts engendrés par la structure du déroulement du contrat lui-même, et c’est sur ces derniers coûts que l’auteur focalisera son analyse de la théorie de la firme. A. Alchian and S.Woodward,"The Firm Is Dead; Long Live the Firm: A Review of Oliver E. Williamson's The Economic Institutions of Capitalism," Journal of Economic Literature 26(1): 65-79 (March 1988). 31La théorie des contrats incomplets développée par Grossman, Hart et Moore, se présente, en premier lieu, comme un essai de formalisation rigoureuse de l’analyse de l’intégration par la théorie des coûts de transaction. (2000), « The Abominable Ohno Production System: Competencies, Monitoring and Routines in Japanese Production Systems » in Dosi, Nelson and Winter (ed), The nature and dynamics of organizational capabilities, Oxford University Press. Cyert R.-M. et J. Wernerfelt B. Elles constituent un stock de savoir-faire dans lequel les agents puisent pour assurer le bon déroulement des opérations au sein des organisations. S. Helper, J. P.MacDuffie, and C. Sabel, "Pragmatic Collaborations: Advancing Knowledge while Controlling Opportunism," Industrial and Corporate Change 9(3): 443-488 (2000). En définissant une organisation comme « …a system of coordinated actions among individuals and groups whose preferences, information and knowledge differ… » (March et Simon, 1993), les auteurs entendent mettre l’accent sur le fait de l’instabilité essentielle qui est au cœur de la firme. — La nouvelle orthodoxie : la vision contractuelle de la firme, Droits de propriété et relation d’agence : le maintien des fondements analytiques néo-classiques, Théorie des contrats incomplets et (nouvelle) théorie des droits de propriété, II. & G. Dosi (1998), « Learning how to Govern, and Learning how to Solve Problems », in Chandler et al. Williamson et la théorie des coûts de transaction 1. Les contributions des auteurs de ce courant : (Nelson et Winter, Dosi, Marengo,…) vont puissamment contribuer à faire basculer la représentation de la firme, en insistant sur le fait que fondamentalement elle doit être pensée comme « répertoire » et un processeur de connaissances et compétences. Oliver Williamson a consacré sa vie à la recherche théorique sur les coûts de transaction. Les thèses de Hayek (1945) sont mobilisées ici, et notamment la distinction entre connaissance spécifique et connaissance générale (specific et general knowledge). Notons dès maintenant que cette vision ne peut que poser quelques questions du point de vue des fondements de la conception « shareholder » du gouvernement d’entreprise : il en résulte, bien évidemment, que cela n’a aucun sens de considérer les actionnaires comme les propriétaires de la firme. Demsetz H. (1988), Ownership, Control, and the Firm, Oxford: Basil Blackwell. Au demeurant tous les modèles évolutionnistes sont construits sur cette hétérogénéité essentielle des agents, même si des processus de sélection font que toutes les espèces ne sont pas appelées à survivre en présence de changements de l’environnement. Comme le dit Chandler (1992): « the firm is a legal entity – one that signs contracts with its suppliers, distributors, employees and often customers ». 5Une brève conclusion pointe les limites et apories des ces constructions et suggère quelques pistes susceptibles de permettre de progresser vers cette théorie « complète » de la firme qui, selon nous, reste encore inscrite sur l’agenda de la recherche.