5 présentation pRotée • volume 38 numéro 1 Le Groupe µ entre rhétorique et sémiotique Archéologie et perspectives sémiR bAdiR et mARiA giuliA doNdeRo L e gRoupe µ est actif depuis plus de quarante ans. Gorgias était surtout connu pour le travail du style de ses textes épidictiques. Par ailleurs, Aristote a surtout permis la « tripartition « Ãªthos, pathos, logos Â» Â» selon l'expression de Michel Meyer[49]. La stylistique est née de la scission de la partie de l'élocution d'avec le reste du système rhétorique. Jean-Jacques Robrieux les classe néanmoins en deux catégories : l'exemple au sens large d'argument inductif, et l'enthymème[99],[100]) au sens de syllogisme. Platon pensait en effet que les sophistes ne s'intéressaient pas à la vérité, mais seulement à la manière de faire adhérer autrui à leurs idées. Elle a d’abord concerné la communication orale. Aristote fonde ainsi la rhétorique comme science oratoire autonome de la philosophie[note 15]. La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties : l’inventio (invention ; art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre), la dispositio (disposition ; art d’exposer des arguments de manière ordonnée et efficace), l’elocutio (élocution ; art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments → style), l’actio (diction, gestes de l’orateur, etc.) La troisième phase débute vers 14 ans. Il s'agit, selon Joëlle Gardes-Tamine, d'un véritable « enjeu Â» que les traités classiques nomment la « matière Â» (« materia Â»). La psycholinguistique a permis au XXe siècle de relever l'importance des processus de cognition que l'orateur ou l'interlocuteur mettent en pratique au sein du discours. » Démosthène répondit : « l'action ; et la seconde : l'action ; et la troisième : l'action Â», « Pour une renaissance de l'art citoyen de rhétorique. Les figures de style deviennent ainsi un instrument d'analyse du discours et de l'imaginaire existant en arrière-plan de celui-ci (c'est notamment les travaux de Jacques Durand, dans son article[82]). Elle requiert une bonne moralité et se rapproche en cela d'une représentation de la, la rhétorique est une manipulation centrée sur l'auditoire (cette idée prévaut chez, la rhétorique est l'art de bien parler (suivant la formule latine de, une histoire de sa conception sociale, qui est celle qui mise principalement sur le discours en public et la controverse (philosophique et politique surtout). Dans le monde indien, le « Kavyalankara Â» ou la science des ornements poétiques qui traverse les poèmes sanskrits connus sous le nom de « kavya Â» peut s'apparenter à une elocutio, sans que pour autant le système rhétorique soit aussi complexe que celui des Grecs puis des Romains toutefois. Une des premières choses que l’on … Dans le domaine de la mauvaise foi il existe un ensemble d'arguments particulièrement efficaces s'appuyant sur une déficience de logique formelle (appelés de manière générale les paralogismes) comme le sophisme, le paralogisme, la pétition de principe ou le paradoxe. ► Premières de couveture Il assemble de poussiéreux bouquets d’herbier et il les tend d’un air triomphant à la dame de ses pensées, à … Il ne s'agit plus de former des rhéteurs mais de réfléchir sur les rhéteurs et le discours, sur les rôles du locuteur et de l'interlocuteur. C'est le cas aussi de la métaphore comme dans « Ma femme aux cheveux de savane Â» d'André Breton ou du paradoxisme par exemple. La rhétorique romaine repose donc largement sur des bases grecques bien qu'elle ait préféré une approche pratique à des réflexions théoriques et spéculatives. La rhétorique ou ‘ilm al-balagha (« science de l'éloquence Â», de tradition essentiellement arabe mais aussi perse) se fonde essentiellement sur l'œuvre d'Al-Jahiz et le commentaire coranique d'Al-Farra'. La psychologie d'abord s'y intéresse, et notamment dans la mesure où le discours reflète l'état d'esprit de celui qui le professe, des auteurs, surtout américains, la rapprochent d'autres domaines dans une dimension sociale et historique. Elle a par ailleurs une fonction heuristique (elle permet de s'interroger de façon méthodique) et est en somme en elle-même un argument selon Olivier Reboul[105]. Mieux encore, dans la joute rhétorique, on ne perd ni ne gagne jamais tout à fait par hasard, et ni la victoire ni la défaite ne sont irrémédiables. La deuxième phase (à partir de 7 ans) repose sur l'apprentissage en classe du « grammaticus Â»[note 16] de la lecture, de la découverte de la poésie. Enfin, toutes les figures de style ne concernent pas la rhétorique : seules celles affectant le discours et le rapport de locution sont dites rhétoriques[note 44]. Par ailleurs, remarque-t-il, la confusion entre argumentation et rhétorique est constante au sein des conceptions modernes tendant à établir un système général du discours persuasif. Il expose d’abord ce qui constitue le style figuré, et montre combien ce style est ordinaire à l'écrit comme à l'oral. il relève ainsi de deux des trois grands genres rhétoriques : le délibératif qui conseille et l'épidictique, qui loue Â», « La publicité est la rhétorique par laquelle l'offre se fait connaître de la demande et cherche à la susciter en fonction des problèmes que les produits prétendent résoudre. La rhétorique au Moyen Âge et à la Renaissance, La rhétorique de l’âge classique et au XIXe siècle, Le XXe siècle et la redécouverte de la rhétorique. Pureté, clarté et convenance de l’elocutio [style] § 5. … Au XXe siècle, la linguistique et l’analyse des textes littéraires ont relancé l’intérêt pour la rhétorique. La doctrine de l'imitation (l'orateur doit faire référence aux Anciens) se fonde donc sur l'art de mémoire. L’époque classique (V-IV e siècle av. La conception classiciste d'une langue claire et d'une rhétorique à la faveur du pouvoir royal (celui de Louis XIV) s'institutionnalise. Sous l'impulsion de Marc Fumaroli, fondateur de la Société internationale pour l'histoire de la rhétorique, avec Nancy Struever et Brian Vickers, se développe, à partir des années 1970 et sur la base des études de la Renaissance et du classicisme, une « Ã‰cole française de rhétorique Â» qui incarne vraiment ce qu'on nomme le « rhetorical turn Â»[note 26], suivi par la création d'une chaire de rhétorique au Collège de France et dont les préoccupations s'étendent de la mythologie indo-européenne (Georges Dumézil) aux travaux de Jacques Derrida sur la voix, en passant par le Moyen Âge latin avec Alain Michel, la Renaissance avec Pierre Laurens, le 17e avec Roger Zuber, Marc Fumaroli enfin pour l'époque moderne et contemporaine. Le but de l'argumentation est de faire progresser la pensée en partant du connu pour faire admettre l'inconnu ; ce que la logique formelle nomme l'inférence. L'orateur doit parfaitement maîtriser son sujet, appelé aussi la « cause Â» (ou le « fait Â» dans le genre judiciaire), sans quoi, selon Aristote ou Quintilien, il ne pourra pas persuader ou convaincre son auditoire. En schématisant fortement son évolution, on peut dire qu’elle a constamment oscillé entre une conception sociale et pratique et une conception formaliste[29]. Plus précisément, selon Ruth Amossy[1] : « telle qu’elle a été élaborée par la culture de la Grèce antique, la rhétorique peut être considérée comme une théorie de la parole efficace liée à une pratique oratoire Â». Le numerus [rythme] du discours § 10. L’art de convaincre en entreprise : de la rhétorique à la pratique. La notion de « style Â» a traversé toute l'histoire littéraire, jusqu'à nourrir une discipline fille de la rhétorique, la stylistique, née notamment des réflexions des écrivains, à l'aune de l'art rhétorique. « La métaphore est constitutive de l'inconscient Â», énonce-t-il par ailleurs. Les travaux des anthropologues Ellen E. Facey[32] et de David B. Coplan[33], concernant les cultures orales d'Afrique et d'Australasie, vont également dans ce sens. Lorsque l'argument prend la forme d'une menace de violence, on parle de « commination Â». ► Le surréalisme Une définition globale de l'art rhétorique doit donc prendre en considération l'acte de communication et la dimension proprement personnelle de celui-ci : « La rhétorique est la discipline qui situe [les problèmes philosophiques, comme scientifiques] dans le contexte humain, et plus précisément inter-subjectif, là où les individus communiquent et s'affrontent à propos [des] problèmes qui en sont les enjeux ; là où se jouent leurs liaison et leur déliaison ; là où il faut plaire et manipuler, où l'on se laisse séduire et surtout, où l'on s'efforce d'y croire[13]. L'héritage platonicien, en dépit de divergences fondamentales entre les deux philosophes, est ainsi conservé à travers la dialectique. L’orateur énonce une information, et en même temps il dit : « je suis ceci, je ne suis pas cela Â». La rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Cicéron a laissé un grand nombre de discours et de plaidoiries qui posent les bases de l’éloquence latine pour les générations à venir. Les débuts 2. De façon générale, le rhétorique est toujours personnifiée par des femmes[38]. Par ailleurs, au sein même du système rhétorique, seule une tradition éthique demeure au sein des cercles catholiques conservateurs qui accusent la Décadence de l'éloquence, titre de l'ouvrage de l'évêque de Troyes, Étienne Antoine Boulogne (1747 - 1825), publié en 1818, se maintient. Ainsi Victor Hugo définit le style littéraire[note 37] comme le respect de ces trois critères alors que, au demeurant, il combat la rhétorique comme une discipline archaïque : Les figures de rhétorique (ou « schèmata Â» en grec) sont des procédés stylistiques qui proviennent de la qualité de l'orateur. Pour le philosophe anglais Francis Bacon, elle est « l'art d'appliquer la raison à l'imagination pour mieux mouvoir la volonté Â»[8], alors que, pour l'Américain Richard Weaver, elle est « un art de l'emphase Â». ► La versification française La racine grecque renvoie également à l'hypocrisie ; en effet l'orateur doit paraître ce qu'il veut paraître durant l'action. Pour Démosthène il s'agit du but de la rhétorique[118] alors qu'Aristote l'évoque au livre III de sa Rhétorique, mais de manière elliptique. Partie de la rhétorique Partie de la rhétorique en 5 lettres. Les figures de rhétorique permettent une vaste palette d'effets. ». J.-C. en Grèce antique lorsque deux tyrans siciliens, Gelon et Hiéron, exproprient et déportent les populations de l'île de Syracuse, pour le peuple de mercenaires à leur solde[41]. La rhétorique a surtout été étudiée par les spécialistes français, mais aussi anglo-saxons. La première phase de cet enseignement commence ainsi par l'apprentissage du langage qui doit être assuré par des nourrices s'exprimant dans un langage impeccable. Division de la rhétorique et de l’éloquence § 3. Les séductions de la parole : plaire, séduire et émouvoir. Il est important de remarquer à ce titre que la mémoire ne figure pas dans les traités de rhétorique d'Aristote[note 39]. Le fait peut être faux mais doit être, l'« amplification Â» (ou « auxèsis Â») qui convoque le, la « passion Â», qui permet de susciter soit la pitié soit l'indignation, au moyen des. Théophraste prône quant à lui la clarté, la correction, la convenance et l'ornement alors que Cicéron dans ses Divisions de l'art oratoire distingue cinq « flambeaux Â» (« lumina Â», c'est-à-dire des traits de style notables) : la brièveté, la convenance, l'éclat, l'agrément et la clarté. De sorte qu'entre poétique et rhétorique, les passages sont possibles : des concepts élaborés dans le cadre de la seconde ont été sans difficultés transposés à la première. J.-C.) est très grande depuis l'Antiquité. La distinction de ces notions a une longue histoire ; Blaise Pascal pensait que la persuasion était du domaine de l'imagination alors que la conviction tenait de la raison[132] et Emmanuel Kant y voyait l'opposition entre le subjectif et l'objectif[133]. Michel Meyer, dans son livre La Rhétorique, présente les grandes définitions de la rhétorique. Ils sont également peu logiques. Selon Cicéron, la narration est la source (« fons Â» en latin) de toutes les autres parties car elle réclame le meilleur du talent de l'orateur. À la Renaissance, c'est la dialectique, l'un des sept « arts majeurs Â», qui prend le pas sur la rhétorique. « Aristote et les principes de la rhétorique contemporaine Â», Michel Meyer, introduction à Aristote, « La nature qui me donnera le moins d'espérance, chez les enfants, est celle où la faculté critique se développe plus tôt que l'imagination. Si l'argumentation recherche la vérité (dans la démonstration mathématique par exemple), la rhétorique cherche avant tout le vraisemblable. Vous devez donc maîtriser les bases pour être performant dans n’importe quel type de présentation. partie de la population, c'est-à-dire dans les sociétés tenant de la démocratie athénienne. Les parties de l'« elocutio Â» et de l'« inventio Â» se détachent de la rhétorique ; la première se verra affiliée à la théologie alors que la seconde donnera naissance à la poétique. La rhétorique se réduit alors à l'étude des ornements relevant de lelocutio et en premier lieu les figures de style. Lorsque les tyrans furent chassés, ces propriétaires eurent à faire … Son Institutio oratoria (Les Institutions oratoires), un long traité où il discute de l’entraînement pour être un rhéteur accompli et recense les doctrines et opinions de nombreux grands rhéteurs qui l’ont précédé, a marqué l'histoire de la discipline. L'élocution (« elocutio Â», ou « lexis Â» en grec) est la rédaction (écrite) du discours, l'oral étant le ressort de l'action. Antoine Fouquelin note quant à lui que c'est de l'action que l'échange tire toute sa force, car, contrairement aux mots, les gestes sont universels et compréhensibles par tous[124]. La rhétorique classique propose trois rythmes canoniques : De nombreux auteurs ont proposé au cours de l'histoire des plans-types, allant de deux à sept parties parfois ; cependant, la tradition rhétorique n'en retient que quatre[note 34]. La scolastique les désigne au moyen de voyelles permettant de créer une matrice : Les combinaisons forment ainsi des mots, par exemple « Barbara Â» (a, a, a), dans le cas de trois propositions universelles et affirmatives. Il s'agit de découvrir la rhétorique en rédigeant des narrations (panégyriques élémentaires, parallèles et imitations) et des declamationes (ou discours sur des cas hypothétiques). ► Vocabulaire thématique : Les fleurs Leur but est avant tout pratique : permettre de comprendre les types de discours et les modes d'expression les plus à mêmes de convaincre leur auditoire et d'accéder aux plus hautes places … De l’invention 3. la « récapitulation Â» (ou « anaképhalaiosis Â» en grec) qui résume l'argumentation, sans ajout de nouvel argument cependant. Sa réputation grandissait tant que Vespasien créa une chaire de rhétorique pour lui à Rome. L'orateur romain Cicéron explique ainsi que « L'argumentation devra s'élever en proportion de la grandeur du sujet Â»[25]. ». Elle se fonde en effet sur l'accord explicite de l'interlocuteur, dont la recherche ponctue le discours, à des moments clés, de manière à le faire raisonner dans le cadre argumentatif voulu par l'orateur[110]. (Rhétorique I, … L'influence de Ramus sera décisive sur l'histoire de la rhétorique. Le sexe de la personne qui assume le discours, au moyen des techniques oratoires a également évolué. La linguistique moderne les classe majoritairement en quatre niveaux : Cependant, les classements proposés ne rendent que difficilement compte des effets stylistiques des figures, complexes et reposant surtout sur le contexte (c'est le cas notamment de l'ironie). Elle a pour fonction de communiquer les idées, en dépit des différences de langage des disciplines. LES CINQ CANONS DE LA RHÉTORIQUE COMME TELS . Genera [genres] et figurae … Carine DUTEIL-MOUGEL ATILF / CNRS Nancy. Jean-Jacques Robrieux distingue lui quatre classes d'arguments[151] : Il est important de rappeler que l'on appelle « thème Â» le sujet de la proposition (c'est-à-dire ce qu'on dit), et « prédicat Â» l'information sur ce sujet. Elle prime notamment dans la démarche scientifique. Il s'agit d'une synthèse des apports d'Aristote, dans un esprit davantage pratique, témoin de l'importance de l'éloquence à Rome, depuis le IIe siècle av. Rudolf Arnheim, dans La Pensée visuelle (1976) énumère les processus cognitifs liés au sens de la vue auxquels à recours la communication. Depuis les débuts de la discipline, les auteurs remarquent que la rhétorique recherche en priorité les solutions de l'ordre des représentations. Tous les spécialistes de la discipline s'accordent à dire que celle-ci vit un renouveau, à travers ces « rhétoriques Â»[155] du fait de l'expansion des techniques et des enjeux de la communication actuelle. SOMMAIRE Chapitre 1. D'abord psycho-sociologique, avec Vance Packard, dans La persuasion clandestine (1958), la sémiologie de Roland Barthes va marquer cette approche qui place le discours rhétorique au cœur de la société de consommation. Il propose de considérer la rhétorique de l’image publicitaire comme une rhétorique de recherche du plaisir qui permet au consommateur un double bénéfice : « d’une part en lui épargnant, le temps d’un regard, l’effort psychique nécessité par « l’inhibition ou par la répression Â» et, d’autre part, en lui permettant de rêver à un monde où tout est possible Â»[181]. ► L’accord de même J.-C. - 1600 ap. ► Les accents ), permit de redécouvrir les textes classiques et toute la richesse et les techniques de cet art oratoire. L'attaque romantique[note 23] aboutira, par le débat politique, à la suppression de la rhétorique des programmes d'enseignement, en 1885, par Jules Ferry. C'est le cas des rhétoriques de Chaïm Perelman[78] ou d'Oswald Ducrot par exemple.